C’est la voix chaleureuse de Cao Thị Hậu, une vieille dame issue d'une région rurale du Vietnam, qui porte ce documentaire sensoriel. Elle appartient à la communauté Rục, une minorité ethnique qui a vécu isolée dans des grottes jusque dans les années 1950, avant que le gouvernement ne la reloge dans des villages. Aujourd'hui, elle vit avec ses petits-enfants, à qui elle transmet avec amour la fragile langue Rục et les savoirs traditionnels. Des observations intimes, tournées sur une pellicule granuleuse, révèlent la beauté des petits moments du quotidien, la tendresse des liens familiaux et la force tranquille avec laquelle elle préserve sa culture et ses traditions. Il en résulte un portrait de famille poétique, où le son des feuilles, de la boue et de l'eau qui goutte compose une partition acoustique qui éveille les sens et suscite un émerveillement silencieux.
« Un poème fait de mots et de gestes à transmettre, à répéter, pour ne pas oublier. Le tandem de cinéastes trentenaires assume la fragilité de l'image avec cette caméra mécanique qu'il faut remonter et qui leur a joué des tours. Une ou deux fois le vert de la forêt recouvre d'autres couleurs (le rose fuchsia du foulard de Madame Hau), l'image évoquant la splendeur d'une toile abstraite de Gerhard Richter. »
Clarisse Fabre / Le Monde
« Hair, Paper, Water… s’apparente à un documentaire expérimental tant sa forme est proche d’un laboratoire. Mais le film ne s’arrête pas à sa structure formelle, les réalisateurs centrent le récit autour d’une singularité, mais c’est toute une question sociétale qui est sous-jacente, c’est l’histoire des traditions qui disparaissent, c’est l’histoire de transmissions, c’est l’histoire de fracture sociale, de fracture familiale. C’est notre histoire collective. »
Nastasja Caneve / Cinergie








