Khleifi est entré en "fiction" avec ce film politique, profondément ancré dans le conflit israélo-palestinien, juste avant le déclenchement de l'intifada, et qui lui a assuré une certaine notoriété sur le plan international. Film politique, mais aussi et surtout humaniste; car si l'auteur a choisi son camp, il se garde bien de diaboliser l'Autre dans un manichéisme simplificateur. Le scénario est magnifique et complexe. Pour parler d'un conflit fratricide, il choisit la métaphore inverse, celle d'une alliance et d'un mariage. En vue de célébrer dignement les noces de son fils, un moukhtar, le chef patriarcal d'un village, va demander au gouverneur israélien, pour ce jour particulier, la levée du couvre-feu. Cette requête lui sera accordée à la condition que ce dernier et son état-major soient les invités d'honneur de la fête. Autour de cette situation va se développer une double tension: d'une part celle portée par le village, la famille et le jeune couple; d'autre part celle vécue par les militaires israéliens, déstabilisés et en état de malaise, témoins de cette intimité à la fois proche et ennemie. De la préparation de la cérémonie à la consommation dramatique du mariage vont s'étendre des cercles concentriques d'inquiétudes, de situations tendues, d'incidents qui risquent d'éclater. Etrangement, c'est une grande sensualité qui est mise en évidence par la réalisation et on est loin, ici, du film militant fermé sur une thèse. Il y a dans Noce en Galilée une grandeur généreuse qui s'organise comme le fatum de la tragédie grecque, une pensée poétique et forte.
Noce en Galilée est le premier film palestinien sélectionné au Festival de Cannes. Le film a remporté plusieurs prix dont le Prix de la critique internationale à Cannes, le Golden Shell à San Sebastian et le Prix Joseph Plateau – à l'époque le prix du film le plus important en Belgique.
