Dans le désert de la Californie du Sud se trouve une ville qui n’a jamais été achevée : California City. Élaboré dans les moindres détails, cette ville était censée être aussi grande que Los Angeles, mais aujourd’hui cette ville déserte est là, inachevée et poussiéreuse. C’est un endroit qui répond aux plus grands rêves, aux personnes qui sont en quête d’une vie nouvelle et meilleure. Lashay T. Warren est l’un d’entre eux. Il a fui un passé tumultueux à Los Angeles pour prendre un nouveau départ au sein de cette zone de rues désertes. Avec finesse mais aussi avec humour, il nous décrit son nouvel environnement. Il est toujours à la recherche d’un moyen d’échapper au passé et tente de se réinventer sans cesse, tout comme la ville qui n’a pas encore réalisé ses rêves, mais qui ne les a pas non plus écartés. Victoria est comme une promenade visuelle où la réalité et l’imaginaire se rencontrent et durant laquelle Lashay T. Warren, en tant que pionnier contemporain, trace son propre chemin et laisse sa marque.
« Mais ceux-ci souhaitent-ils réellement repartir ? Que reste-t-il pour ces survivants d'un nouveau genre de là d'où ils viennent ? Le parallèle avec les premiers pionniers se poursuit jusque dans les motivations premières de ces nouveaux migrants. Pour Lashay, il ne reste au pays qu'un dernier ami vivant de l'autre côté de la barrière montagneuse, mais rien d'autre. Des fantômes, qui peuplent les images virtuelles de quartiers que le jeune homme parcourt depuis son ordinateur, sans avoir de ses propres mots aucune possibilité de retour. Une errance physique comme mentale, captée par la caméra.
"Now I'm good with the desert", annonce-t-il dans l'une de ses dernières tirades, entre les buissons et les bancs de sable. Entre acceptation de son destin et dépassement de son propre soi, cette phrase résonne comme un espoir, dans un film qui n'en est pas dépourvu, autour d'une génération refusant de se laisser abandonner par un système qui l'a mise de côté, dans une perpétuelle marche en avant. »
Kevin Giraud