Es ist immer Krieg : ces mots inquiétants, empruntés à la poétesse et écrivaine Ingeborg Bachmann, constituent le sous-titre du dernier film d'Annik Leroy, TREMOR.
Le film se développe sous l’impulsion des voix qui le traversent – celles des poètes et des fous, d’une mère ou d’un enfant. De la pensée réflexive au récit spontané, du témoignage à la fiction, chacun prend la parole pour dire son expérience de la violence et de la guerre. Nous les écoutons tandis que notre regard plonge dans des lieux impossibles à situer, des paysages marqués de cicatrices. Des bruits venus d’ailleurs s’infiltrent. L’image se déforme, devient poreuse. La musique survient. Le film se resserre sur la présence d’un pianiste, avant de se diffracter à nouveau … TREMOR est un voyage sensible entre souvenir et cauchemar. Un acte de résistance.
« Parfois de simples textes en surimpression dans l’image, parfois l’enregistrement d’une voix que l’on croyait perdue viennent nous rappeler que le cinéma est un vecteur incroyable d’émotions inattendues. Les souffrances dont parle Annik n’ont pas d’images, elles sont sous la peau, derrière la pellicule. C’est tout son art de les faire jaillir là où le cinéma n’a pas l’habitude d’aller les chercher. Les films d’Annik sont complexes, ils interrogent le monde actuel au travers du passé, mais elle est encore une cinéaste qui s’exprime par le biais du langage qu’elle a choisi d’utiliser, le cinéma, non pas celui qui sert de support d’informations, mais celui d’une discipline artistique. »
Daniel De Valck