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Thumb Hair, Paper, Water...
Tóc, Giấy và Nước…, Nicolas Graux, Trương Minh Quý,

Partout dans le monde, streamez plus de 100 films, collections et court-métrages belges marquants. Découvrez des œuvres esthétiquement et socialement captivantes qui contribuent à l’histoire du cinéma. Explorez le catalogue en ligne ou abonnez-vous dès maintenant pour toute une année de cinéma !

Nouveaux films en ligne ↓
La trilogie de la cabane
Eric Pauwels,

À l’occasion du Mois du Doc, l’événement annuel qui célèbre le cinéma documentaire belge francophone, Avila présente La trilogie de la cabane d’Eric Pauwels : trois films très originaux, enjoués et artisanaux, qui retracent plus de quinze ans de la carrière du cinéaste belge. Mélangeant documentaire et fiction, ces films forment une œuvre intime ainsi qu’un espace fertile de mémoire et d’imagination, à l’image de la petite cabane bleue du jardin qui donne son titre à la trilogie.

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Projections à venir ↓
Décembre

Décembre est le moment idéal pour découvrir des films sur grand écran. Le programme de ce mois réunit des histoires de famille, de migration, de résilience et de nature : d’un jeune batteur en Guyane à des artistes de théâtre palestiniens à Beyrouth, en passant par des voix de réfugiés et même des conteurs inattendus comme un calcul rénal qui révèle notre rapport au vivant. Découvrez toutes les projections du mois et trouvez le film idéal pour clôturer l'année 2025.

 

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Un film belge singulier.
Sur grand écran, près de chez vous.

Cette automne, découvrez Le chantier des gosses de Jean Harlez.

PROGRAMME 2025

AgendaAgendaAgenda

→ Kouté vwa
CinéMarche, Marche-en-Famenne
+ En présence de Maxime Jean-Baptiste
→ Kouté vwa
Cinema Galeries | Recognition, Bruxelles
+ Q&A avec curatrice Lyse Ishimwe et Maxime Jean-Baptiste
→ Kouté vwa
KASKcinema, Gand
+ Q&A avec Maxime Jean-Baptiste
→ Kouté vwa
ISELP, Bruxelles
+ Q&A avec Maxime Jean-Baptiste
→ Globes
→ The Jacket
The Jacket (Mathijs Poppe, 2024)

Jamal Hindawi est palestinien et vit avec sa famille dans le camp de réfugiés de Chatila à Beyrouth, où il fait du théâtre politique. Il entreprend un voyage pour chercher un important accessoire de théâtre perdu et réalise à quel point les crises politiques et économiques successives ont bouleversé la région et ses habitants.

→ The Jacket
The Jacket (Mathijs Poppe, 2024)

Jamal Hindawi est palestinien et vit avec sa famille dans le camp de réfugiés de Chatila à Beyrouth, où il fait du théâtre politique. Il entreprend un voyage pour chercher un important accessoire de théâtre perdu et réalise à quel point les crises politiques et économiques successives ont bouleversé la région et ses habitants.

→ The Jacket
The Jacket (Mathijs Poppe, 2024)

Jamal Hindawi est palestinien et vit avec sa famille dans le camp de réfugiés de Chatila à Beyrouth, où il fait du théâtre politique. Il entreprend un voyage pour chercher un important accessoire de théâtre perdu et réalise à quel point les crises politiques et économiques successives ont bouleversé la région et ses habitants.

Cinema RITCS | Dwaalzin - Movie Matters, Bruxelles
+ Q&A avec Quinten Wyns et Mathijs Poppe
→ The Jacket
The Jacket (Mathijs Poppe, 2024)

Jamal Hindawi est palestinien et vit avec sa famille dans le camp de réfugiés de Chatila à Beyrouth, où il fait du théâtre politique. Il entreprend un voyage pour chercher un important accessoire de théâtre perdu et réalise à quel point les crises politiques et économiques successives ont bouleversé la région et ses habitants.

GC Nohva | United Screens for Palestine, Neder-Over-Heembeek
+ Q&A avec Mathijs Poppe
→ The Jacket
The Jacket (Mathijs Poppe, 2024)

Jamal Hindawi est palestinien et vit avec sa famille dans le camp de réfugiés de Chatila à Beyrouth, où il fait du théâtre politique. Il entreprend un voyage pour chercher un important accessoire de théâtre perdu et réalise à quel point les crises politiques et économiques successives ont bouleversé la région et ses habitants.

→ Branden
Branden (Lisette Ma Neza, 2024)

Un poème collectif sur les patries qui brûlent, sur le feu et la fumée des conflits armés. Une conversation avec cinq femmes à propos de partir et (ne jamais vraiment) arriver. Une ode à la femme déracinée.

Branden

Texte d’introduction par Nina de Vroome   

 

Lisette Ma Neza (1997) est originaire des Pays-Bas et est venue à Bruxelles pour étudier le cinéma à LUCA School of Arts, où elle a réalisé son film de fin d’étude Branden. En 2024, elle a été nommée toute première poétesse officielle de la ville de Bruxelles. Sa pratique artistique est un essai permanent de se traduire elle-même et les autres.  Elle s’intéresse à la vie et aux émotions des déracinés, des survivants de la violence, des Africains en Europe, des diasporas, des femmes. Cette recherche aboutit à des essais poétiques, de l’art de la parole, des films et du théâtre, comme avec sa pièce The Weight of a Woman. Trente ans après le génocide au Rwanda, d’où sa famille est originaire, elle y réfléchit à la valeur de la vie après la violence à un niveau personnel ou universel.  Elle s'adresse à ses grands-mères lorsqu'elle soulève ces questions, et se demande comment nous pouvons pardonner à nous-mêmes et aux autres.

Dans son film Branden aussi, elle s’adresse à sa grand-mère. Une femme incarnant une grande histoire qui est observée avec tendresse pendant qu’elle tricote. Elle raconte l’histoire d’un soldat rwandais découragé qui rangeait son fusil sur son épaule alors qu’il n’avait plus de munitions. Elle se glisse dans son rôle en plaçant son aiguille à tricoter contre son épaule comme une arme. Derrière la caméra, Ma Neza réagit aux gestes de sa grand-mère. D’autres femmes prennent également la parole : sa voisine et ses amies parlent à sa caméra. Elles ne parlent pas d’une manière ordinaire, mais elles réfléchissent ensemble, et s’attardent sur des souvenirs marquants. Phrase après phrase, elles tentent de retracer une histoire, sur qui “nous” sommes. « Nous sommes les gens d’après le voyage. Nous sommes le sol mouillé après la pluie. » Branden devient ainsi un poème collectif, dans lequel Ma Neza et ses interlocutrices trouvent ensemble des mots pour exprimer leurs expériences. Leurs mots crient l’embrasement de leurs pays natals, le feu et la fumée des conflits armés. Mais il y a aussi la chaleur de l’amitié, de l’amour et l’accueil d’une nouvelle vie.

Dans une interview à Kortfilm avec l’écrivaine et artiste Margot De Grave Loyson, Ma Neza raconte comment les conversations dans le film ont pris forme. « Je veux parler de sujets difficiles. Mais demander à ma grand-mère de parler de la façon dont elle s'est enfuie à l'époque n'est pas évident du tout. En donnant une forme poétique à mes questions — ‘qui étiez-vous’, ‘que voyiez-vous’ — j’ai tout de même réussi à en parler sans que cela devienne trop douloureux. » Le langage prenant une intensité poétique, les conversations peuvent alors exprimer des expériences intimes. Ainsi, la jeune voisine se rappelle de « beaucoup de matelas » pendant une étape sur la route de l’Europe. Ce détail n’est qu’une discrète évocation des dangers et des épreuves qu’elle a dû affronter avec sa famille, donnant ainsi au langage une intensité poétique.

Ma Neza se qualifie elle-même de poétesse avec une caméra. Elle filme souvent des images de sa vie quotidienne, avec un petit caméscope ou simplement avec son téléphone. Elle a ainsi construit une archive, une collection de souvenirs et d’impressions qu’elle a assemblé dans le montage de Branden, en quête d’expressivité. Les mots sont prononcés, et apparaissent également sous forme de texte dans les images. La poésie devient ainsi une composition d'images, mais aussi une manière de parler et de s'écouter.

Les interlocutrices de Ma Neza regardent droit dans la caméra. Ils s’adressent à la réalisatrice, mais aussi au public, qui se sent bienvenu dans son rôle de témoin de leur expériences et de leurs souvenirs. L’amie qui vient d’Afghanistan raconte son expérience d’arrivée aux Pays-Bas lorsqu’elle était enfant ainsi: « Nous sommes les enfants qui étaient tellement occupés à s'adapter que nous avons oublié que nous nous étions enfuis. » Dans ce film, elles se retrouvent à travers leur histoire similaire, qui est une expérience universelle de déracinement. 

Ma Neza raconte que son film cherche à relier les histoires de toutes les femmes dont les racines sont ailleurs qui essaient de se sentir chez elles, même si ce n'est pas toujours facile. Ce sont des femmes fortes, et malgré tout, il y a toujours de l'espoir. Selon Ma Neza, « pour moi, Branden représente un feu qui ne s'éteint jamais. Cela me rappelle un vers d'un poème d'Alfred Schaffer : “J'étais un corps sombre que l'on pouvait éteindre, mais je brûlais quand même” ».

 

Nina de Vroome,

Réalisatrice, écrivaine et rédactrice du magazine de cinéma belge Sabzian

Branden

Texte d’introduction par Nina de Vroome   

 

Lisette Ma Neza (1997) est originaire des Pays-Bas et est venue à Bruxelles pour étudier le cinéma à LUCA School of Arts, où elle a réalisé son film de fin d’étude Branden. En 2024, elle a été nommée toute première poétesse officielle de la ville de Bruxelles. Sa pratique artistique est un essai permanent de se traduire elle-même et les autres.  Elle s’intéresse à la vie et aux émotions des déracinés, des survivants de la violence, des Africains en Europe, des diasporas, des femmes. Cette recherche aboutit à des essais poétiques, de l’art de la parole, des films et du théâtre, comme avec sa pièce The Weight of a Woman. Trente ans après le génocide au Rwanda, d’où sa famille est originaire, elle y réfléchit à la valeur de la vie après la violence à un niveau personnel ou universel.  Elle s'adresse à ses grands-mères lorsqu'elle soulève ces questions, et se demande comment nous pouvons pardonner à nous-mêmes et aux autres.

Dans son film Branden aussi, elle s’adresse à sa grand-mère. Une femme incarnant une grande histoire qui est observée avec tendresse pendant qu’elle tricote. Elle raconte l’histoire d’un soldat rwandais découragé qui rangeait son fusil sur son épaule alors qu’il n’avait plus de munitions. Elle se glisse dans son rôle en plaçant son aiguille à tricoter contre son épaule comme une arme. Derrière la caméra, Ma Neza réagit aux gestes de sa grand-mère. D’autres femmes prennent également la parole : sa voisine et ses amies parlent à sa caméra. Elles ne parlent pas d’une manière ordinaire, mais elles réfléchissent ensemble, et s’attardent sur des souvenirs marquants. Phrase après phrase, elles tentent de retracer une histoire, sur qui “nous” sommes. « Nous sommes les gens d’après le voyage. Nous sommes le sol mouillé après la pluie. » Branden devient ainsi un poème collectif, dans lequel Ma Neza et ses interlocutrices trouvent ensemble des mots pour exprimer leurs expériences. Leurs mots crient l’embrasement de leurs pays natals, le feu et la fumée des conflits armés. Mais il y a aussi la chaleur de l’amitié, de l’amour et l’accueil d’une nouvelle vie.

Dans une interview à Kortfilm avec l’écrivaine et artiste Margot De Grave Loyson, Ma Neza raconte comment les conversations dans le film ont pris forme. « Je veux parler de sujets difficiles. Mais demander à ma grand-mère de parler de la façon dont elle s'est enfuie à l'époque n'est pas évident du tout. En donnant une forme poétique à mes questions — ‘qui étiez-vous’, ‘que voyiez-vous’ — j’ai tout de même réussi à en parler sans que cela devienne trop douloureux. » Le langage prenant une intensité poétique, les conversations peuvent alors exprimer des expériences intimes. Ainsi, la jeune voisine se rappelle de « beaucoup de matelas » pendant une étape sur la route de l’Europe. Ce détail n’est qu’une discrète évocation des dangers et des épreuves qu’elle a dû affronter avec sa famille, donnant ainsi au langage une intensité poétique.

Ma Neza se qualifie elle-même de poétesse avec une caméra. Elle filme souvent des images de sa vie quotidienne, avec un petit caméscope ou simplement avec son téléphone. Elle a ainsi construit une archive, une collection de souvenirs et d’impressions qu’elle a assemblé dans le montage de Branden, en quête d’expressivité. Les mots sont prononcés, et apparaissent également sous forme de texte dans les images. La poésie devient ainsi une composition d'images, mais aussi une manière de parler et de s'écouter.

Les interlocutrices de Ma Neza regardent droit dans la caméra. Ils s’adressent à la réalisatrice, mais aussi au public, qui se sent bienvenu dans son rôle de témoin de leur expériences et de leurs souvenirs. L’amie qui vient d’Afghanistan raconte son expérience d’arrivée aux Pays-Bas lorsqu’elle était enfant ainsi: « Nous sommes les enfants qui étaient tellement occupés à s'adapter que nous avons oublié que nous nous étions enfuis. » Dans ce film, elles se retrouvent à travers leur histoire similaire, qui est une expérience universelle de déracinement. 

Ma Neza raconte que son film cherche à relier les histoires de toutes les femmes dont les racines sont ailleurs qui essaient de se sentir chez elles, même si ce n'est pas toujours facile. Ce sont des femmes fortes, et malgré tout, il y a toujours de l'espoir. Selon Ma Neza, « pour moi, Branden représente un feu qui ne s'éteint jamais. Cela me rappelle un vers d'un poème d'Alfred Schaffer : “J'étais un corps sombre que l'on pouvait éteindre, mais je brûlais quand même” ».

 

Nina de Vroome,

Réalisatrice, écrivaine et rédactrice du magazine de cinéma belge Sabzian

→ Apple Cider Vinegar
Apple Cider Vinegar (Sofie Benoot, 2024)
Sofie Benoot,

Une narratrice fictive de documentaires sur la nature nous emmène dans un voyage à la rencontre de tailleurs de pierre palestiniens, de géologues britanniques passionnés et des habitants des champs de lave de Fogo. Un essai cinématographique hypnotique qui pose des questions écologiques urgentes.

Natuurpunt Jabbeke, Jabbeke
+ Q&A avec Sofie Benoot
→ Daens
Daens_Thumb
Stijn Coninx,

Le prêtre Daens retourne à Alost, où les ouvriers souffrent de la pauvreté, du travail infantile et de la surexploitation dans l'industrie textile. Poussé par son sens de la justice, il prend leur parti, même si cela le met en conflit avec l'Église et la bourgeoisie aisée. Un film historique sur la lutte pour la justice.

CC Belgica, Termonde
+ Projection scolaire privée
→ Le chantier des gosses
Le chantier des gosses (Jean Harlez, 1970)
Jean Harlez,

Dans les rues étriquées des Marolles, grouillent des gosses. Leur coin de paradis et d’illusions est un terrain vague où un beau jour arrivent des hommes en chapeau mou et d’autres en salopettes qui déploient des papiers… Doucement, la stupeur des gosses se transforme en révolte. Un film sur Bruxelles aux années cinquante, fait avec des gens de la rue.

Le chantier des gosses

Texte d’introduction par Ruben Demasure   

 

Avec Le chantier des gosses (1970), l’autodidacte Jean Harlez (1924) réalise son grand rêve : faire un long-métrage dans le quartier bruxellois des Marolles. Avec les enfants du quartier et une caméra bricolée, Harlez improvise l’histoire d’une bande de gamins des rues qui défendent leur terrain vague contre les géomètres et les entrepreneurs qui veulent y implanter une tour de logements sociaux. La genèse du film fut une bataille aussi spectaculaire qu'éprouvante.

Les études historiques du cinéma belge situent le plus souvent Jean Harlez dans une tradition de “cinéastes du dimanche” obstinés, avec plus de passion que de moyens. Harlez a commencé son film de sa propre initiative en 1954. Poussé par un engagement social critique, il s'est intéressé à la vie quotidienne de la classe ouvrière. Sans intrigue artificielle ni tournage en studio, Harlez a filmé des amateurs locaux dans leur propre environnement. Lorsque des géomètres venaient réellement prendre des mesures pendant un jour de tournage, ils devenaient alors partie intégrante de l’histoire.

Pourtant, il fallut attendre 1970 pour trouver les dernières ressources essentielles à l'achèvement du son du film. “La Belgique préférait faire le plein de visiteurs à son Expo, et ce n'était pas opportun de montrer le revers de la médaille,” déclare Marcelle Dumont, la dialoguiste et épouse de Harlez, dans son discours lors de la projection de gala du film au palais des Congrès. Au milieu des années cinquante, le film montrait un quartier de notre capitale où les habitants devaient se débrouiller sans électricité ni toilettes, avec une seule pompe à eau dans toute la rue. 

Après la première, le film n’a pas pu tenter sa chance au cinéma. Après une diffusion à la télévision l’année suivante, l’histoire s’arrête. C'est du moins ce qu'il semblait. Jusqu'à ce que, bien des années plus tard, un employé du Cinéma Nova à Bruxelles rencontre par hasard Jean Harlez, et que la machine se remette en marche. En faisant du Chantier des gosses sa première sortie commerciale, le Nova fut auréolé d’un énorme succès. Le film est resté près de deux mois en salles. Au lancement de la plateforme de distribution Avila, il y a cinq ans, le film devenait disponible en VOD. À l’occasion des cent ans de Jean Harlez, ils ramènent le film en salle.

Mis à part le lieu de tournage, avant de commencer, Harlez n’était sûr que d’une chose : il voulait filmer les enfants en raison de leur sincérité. Le terrain vague qui leur sert de terrain de jeu était le résultat de la récente deuxième Guerre Mondiale. La blessure fut infligée au quartier par une bombe V1 qui, le 8 novembre 1944 (après la Libération), avait pour cible le Palais de Justice. L'impact a provoqué l'effondrement des voûtes du théâtre de Toone. La dynastie des théâtres de marionnettes folkloriques Toone est exactement aussi vieille que la Belgique, et provient de la tradition des pièces de marionnettes satiriques contre les détenteurs du pouvoir. Grâce à Harlez, ce ground zero fut à nouveau le théâtre malicieux d'une bataille contre des promoteurs immobiliers qui tirent fermement les ficelles.

Les enfants sont une représentation idéale des sans-voix. Dans un monde d’adultes, ils gardent un regard émerveillé. Le chantier des gosses commence sur des images d'ensemble de la façade et de l'arrière du Palais de Justice, alors pas encore le chantier éternel de ces quarante dernières années. Sur la balustrade, avec vue sur le quartier des Marolles, un garçon et une fille rentrent dans le cadre en marchant. Ensuite, le spectateur se joint aux enfants. À travers leurs yeux, il se place au point de vue panoramique que les touristes de l’Expo 58 emprunteront exactement au même endroit quelques années plus tard. Cela représente en même temps une résistance à la vision orthodoxe et rationnelle des géomètres et de l'enseignant qui leur apprend à calculer les volumes en classe. Pour les enfants, la rue est l’école d’apprentissage naturelle. Sous le mastodonte de la justice qui surplombe la ville, ils vivent eux-mêmes une injustice et prennent les choses en main. Derrière cette même balustrade, les garçons font pipi sur deux agents de police en contrebas, et tourmentent les figures d’autorité tels Quick et Flupke. À la fin du film, l’image d’ouverture du jeune couple contemplatif revient une dernière fois.  Seulement, on ne regarde plus par dessus la balustrade. À la place, c'est une contre-plongée des nouvelles tours d’habitation qui enferment, aveuglantes, la quasi-totalité du cadre. Le petit couple s’en va, chacun de son côté. 


Ce texte est une version remaniée d’un texte publié en en 2021 dans Sabzian. La version non abrégée est disponible en ligne

 

Ruben Demasure

Coordinateur Art Cinema OFFoff et assistant d’enseignement Cinéma UAntwerpen

Le chantier des gosses

Texte d’introduction par Ruben Demasure   

 

Avec Le chantier des gosses (1970), l’autodidacte Jean Harlez (1924) réalise son grand rêve : faire un long-métrage dans le quartier bruxellois des Marolles. Avec les enfants du quartier et une caméra bricolée, Harlez improvise l’histoire d’une bande de gamins des rues qui défendent leur terrain vague contre les géomètres et les entrepreneurs qui veulent y implanter une tour de logements sociaux. La genèse du film fut une bataille aussi spectaculaire qu'éprouvante.

Les études historiques du cinéma belge situent le plus souvent Jean Harlez dans une tradition de “cinéastes du dimanche” obstinés, avec plus de passion que de moyens. Harlez a commencé son film de sa propre initiative en 1954. Poussé par un engagement social critique, il s'est intéressé à la vie quotidienne de la classe ouvrière. Sans intrigue artificielle ni tournage en studio, Harlez a filmé des amateurs locaux dans leur propre environnement. Lorsque des géomètres venaient réellement prendre des mesures pendant un jour de tournage, ils devenaient alors partie intégrante de l’histoire.

Pourtant, il fallut attendre 1970 pour trouver les dernières ressources essentielles à l'achèvement du son du film. “La Belgique préférait faire le plein de visiteurs à son Expo, et ce n'était pas opportun de montrer le revers de la médaille,” déclare Marcelle Dumont, la dialoguiste et épouse de Harlez, dans son discours lors de la projection de gala du film au palais des Congrès. Au milieu des années cinquante, le film montrait un quartier de notre capitale où les habitants devaient se débrouiller sans électricité ni toilettes, avec une seule pompe à eau dans toute la rue. 

Après la première, le film n’a pas pu tenter sa chance au cinéma. Après une diffusion à la télévision l’année suivante, l’histoire s’arrête. C'est du moins ce qu'il semblait. Jusqu'à ce que, bien des années plus tard, un employé du Cinéma Nova à Bruxelles rencontre par hasard Jean Harlez, et que la machine se remette en marche. En faisant du Chantier des gosses sa première sortie commerciale, le Nova fut auréolé d’un énorme succès. Le film est resté près de deux mois en salles. Au lancement de la plateforme de distribution Avila, il y a cinq ans, le film devenait disponible en VOD. À l’occasion des cent ans de Jean Harlez, ils ramènent le film en salle.

Mis à part le lieu de tournage, avant de commencer, Harlez n’était sûr que d’une chose : il voulait filmer les enfants en raison de leur sincérité. Le terrain vague qui leur sert de terrain de jeu était le résultat de la récente deuxième Guerre Mondiale. La blessure fut infligée au quartier par une bombe V1 qui, le 8 novembre 1944 (après la Libération), avait pour cible le Palais de Justice. L'impact a provoqué l'effondrement des voûtes du théâtre de Toone. La dynastie des théâtres de marionnettes folkloriques Toone est exactement aussi vieille que la Belgique, et provient de la tradition des pièces de marionnettes satiriques contre les détenteurs du pouvoir. Grâce à Harlez, ce ground zero fut à nouveau le théâtre malicieux d'une bataille contre des promoteurs immobiliers qui tirent fermement les ficelles.

Les enfants sont une représentation idéale des sans-voix. Dans un monde d’adultes, ils gardent un regard émerveillé. Le chantier des gosses commence sur des images d'ensemble de la façade et de l'arrière du Palais de Justice, alors pas encore le chantier éternel de ces quarante dernières années. Sur la balustrade, avec vue sur le quartier des Marolles, un garçon et une fille rentrent dans le cadre en marchant. Ensuite, le spectateur se joint aux enfants. À travers leurs yeux, il se place au point de vue panoramique que les touristes de l’Expo 58 emprunteront exactement au même endroit quelques années plus tard. Cela représente en même temps une résistance à la vision orthodoxe et rationnelle des géomètres et de l'enseignant qui leur apprend à calculer les volumes en classe. Pour les enfants, la rue est l’école d’apprentissage naturelle. Sous le mastodonte de la justice qui surplombe la ville, ils vivent eux-mêmes une injustice et prennent les choses en main. Derrière cette même balustrade, les garçons font pipi sur deux agents de police en contrebas, et tourmentent les figures d’autorité tels Quick et Flupke. À la fin du film, l’image d’ouverture du jeune couple contemplatif revient une dernière fois.  Seulement, on ne regarde plus par dessus la balustrade. À la place, c'est une contre-plongée des nouvelles tours d’habitation qui enferment, aveuglantes, la quasi-totalité du cadre. Le petit couple s’en va, chacun de son côté. 


Ce texte est une version remaniée d’un texte publié en en 2021 dans Sabzian. La version non abrégée est disponible en ligne

 

Ruben Demasure

Coordinateur Art Cinema OFFoff et assistant d’enseignement Cinéma UAntwerpen

En salle
→ Tóc, Giấy và Nước…
Thumb Hair, Paper, Water...

Dans un village à la frontière du Viêt Nam et du Laos, une vieille dame transmet à ses petits-enfants le langage fragile et les traditions des Rục, une minorité ethnique. Tourné en 16mm granuleux, ce documentaire sensoriel et poétique suscite un sentiment d'émerveillement silencieux.

Bozar, Bruxelles
+ Q&A avec Trương Minh Quý & Nicolas Graux
En salle
→ Tóc, Giấy và Nước…
Thumb Hair, Paper, Water...

Dans un village à la frontière du Viêt Nam et du Laos, une vieille dame transmet à ses petits-enfants le langage fragile et les traditions des Rục, une minorité ethnique. Tourné en 16mm granuleux, ce documentaire sensoriel et poétique suscite un sentiment d'émerveillement silencieux.

Bozar, Bruxelles
+ Q&A avec Trương Minh Quý & Nicolas Graux

Added Online

Film
Apple Cider Vinegar (Sofie Benoot, 2024)

Une narratrice fictive de documentaires sur la nature nous emmène dans un voyage à la rencontre de tailleurs de pierre palestiniens, de géologues britanniques passionnés et des habitants des champs de lave de Fogo. Un essai cinématographique hypnotique qui pose des questions écologiques urgentes.

Collection
Lettre d'un cinéaste à sa fille_still

Trois films très originaux, enjoués et artisanaux, retraçant plus de quinze ans. Mélangeant documentaire et fiction, ces films forment une œuvre intime ainsi qu’un espace fertile de mémoire et d’imagination, à l’image de la petite cabane bleue du jardin qui donne son titre à la trilogie.

Film
Thumb Hotel Monterey

Un portrait méticuleusement construit de l’Hotel Monterey, hôtel résidentiel bon marché à Manhattan. La caméra suit un trajet vertical à travers le bâtiment et filme les couloirs, les ascenseurs, les chambres et les résidents.

Programme
Shorts Programme: Neighbourhoods

Ce programme de courts-métrages nous emmène en visite dans des quartiers bruxellois. Les quatre films sont des portraits de voisinage charmants et émouvants. Le programme s’étend sur une période de presque 60 ans, ce qui en fait un point de vue privilégié sur une capitale en perpétuelle transformation.

Film
Thumb News from Home

Des lettres pleines de préoccupations quotidiennes et de conseils maternels contrastent avec les images lentes d’un Manhattan distant dans les années 1970. Un récit personnel et une capsule temporelle d’une ville en pleine transformation.

Programme
Thumb Les films de la maison

Un programme de courts métrages né du mouvement de la Voix des Sans-Papiers et de deux cinéastes. Leur travail documente une lutte en cours, avec l’attention à ne jamais figer ce mouvement.

Soon Online ↑Binnenkort online ↑Bientôt en ligne ↑

Bientôt disponible

Film
Thumb A chacun son cinéma
À chacun son cinéma
Jean-Noël Gobron,
Film
Bamssi (Mourad Ben Amor)
Bamssi
Mourad Ben Amor,
Film
Branden (Lisette Ma Neza, 2024)
Branden
Lisette Ma Neza,
Film
Forbidden Pilgrimage (Ellen Vermeulen, 2024)
Une femme qui part
Ellen Vermeulen,