Histoire de détective (Charles Dekeukeleire, 1929)
Histoire de détective
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Dans ce polar à première vue classique, l'œil subjectif de la caméra endosse peu à peu le rôle principal. Une ode ludique à Dziga Vertov.

Histoire de détective (Charles Dekeukeleire, 1929)
Language
Taal
Langue
français
Subtitles
Ondertitels
Sous-titres
anglais, néerlandais
Available
Beschikbaar
Disponible
dans le monde entier
Duration
Duur
Durée
49'
Aspect Ratio
Beeldverhouding
Format d'image
1.33

Une femme inquiète du comportement de son mari, trop souvent absent, demande à un détective de le suivre et de lui faire un rapport. Argument classique de fiction, semble-t-il, d’autant plus que Charles Dekeukeleire découpe son film par des cartons qui nous informent des rebondissements de l’histoire. Cependant, cette trame ne sert qu’à mettre en avant un prétexte pour mieux désarticuler le récit au profit du seul cinéma. En effet, le détective va employer un appareil de prise de vues comme instrument d’investigation. La caméra devient ainsi le personnage principal et sa subjectivité va être le sujet essentiel du film.

Le vague à l’âme de Monsieur Jonathan ou ses éventuelles retrouvailles avec sa femme deviennent très rapidement le cadet des soucis du réalisateur et du spectateur, préoccupés par bien autre chose, c’est-à-dire par la caméra-oeil (le film-manifeste de Dziga Vertov date de 1928), instrument voyeur qui capte des fragments de réel pour organiser une réalité qui serait une vérité. L’enquête devient donc l’histoire d’un film, avec ses aléas de tournage, style caméra cachée ou empêchée, son montage et sa  projection. Le ‘happy end’ laisse entière l’interrogation fondamentale: quel rapport le cinéma entretient-il avec la réalité? L’image et le cadre calquent les imperfections d’un film de reportage-traque: flou, surimpressions, information parcellaire et ambiguë, successions de plans plus proches de l’impression que de l’information. En contrepoint et en sympathie, les cartons dessinés par le peintre Victor Servranckx jouent eux aussi sur une fonction narrative pour bien vite s’en éloigner au profit d’une pure recherche visuelle.

« Pour Histoire de détective, réalisé en 1929, le journaliste Paul Werrie note la joie de créer, l’invention jaillissante. Le regard de la caméra s’arrête avec avidité autour de soi, sur le fait quotidien méconnu, sur le fait opprimé, sur les gestes, les objets. Par exemple, sur des pommes alignées dans un grenier. On les descend, on les verse sur la table, sous le regard de l’appareil qui opère automatiquement. Puis on organise un jeu. La méditation née de ces pommes est maintenant suivie d’une improvisation joyeuse, et cela donne le plus joli ballet du monde, un ballet de pommes, une ravissante invention visuelle. En fait le rôle du détective est confié à la caméra elle-même. Ainsi la pauvreté, l’absence de moyens, bouchant les voies faciles, force la vocation à découvrir, pour s’exprimer, des issues insolites, inattendues, ou à creuser en profondeur. D’où le jaillissement brusque et frais des images. »

Henri Storck

« J’ose placer en cette Histoire de détective, des espoirs, et de l’enthousiasme. De l’espoir pour la forme, neuve, d’une conception qui paraitra absurde à première vue à celui qui n’est pas averti des choses de l’écran, mais qui à mon sens inaugure un nouveau style. C’est le plus grand mérite de son auteur, celui d’avoir rompu avec une tradition qu’il considère comme vieillie, pour découvrir un nouveau mode d’expression. De l’enthousiasme pour quelques fragments, où se mélangent une naïveté sentimentale d’une fraicheur parfaite, et un rythme de l’image qui conduit à faire exprimer son tempérament dans une forme vigoureuse, saine, et constructive. »

André Cauvin

« Ce film sera combattu parce qu’il bouleverse l’attitude normale que le spectateur prend vis-à-vis de l’image. Il ne peut plus être un indifférent qui partage ou ne partage pas les joies et les douleurs qu’on lui propose de ressentir. Il est en quelque sorte violemment jeté dans la mêlée, son œil est ancré dans la toile, plus de logique artificielle que l’on établit habituellement pour faciliter la compréhension et asseoir le plaisir, plus de scènes d’amour que l’on peut suivre avec la tranquillité de quelqu’un habitué à examiner le détail des choses au travers de Jumelles. Les éléments qui conduisent au raisonnement sont enfouis dans la tourbillon des sentiments, et des pensées discoordonnées. Ces images qui sortent de notre subconscient se suivent souvent dans un désordre beaucoup plus significatif que la plus logique et la mieux coordonnée des expressions intellectuelles. »

André Cauvin

Language
Taal
Langue
français
Subtitles
Ondertitels
Sous-titres
anglais, néerlandais
Available
Beschikbaar
Disponible
dans le monde entier
Duration
Duur
Durée
49'
Aspect Ratio
Beeldverhouding
Format d'image
1.33
A Film by
Een film van
Un film de
With
Met
Avec
Pierre Bourgeois
Script
Scenario
Scénario
Maurice Casteels