

Jeanne Dielman, une jeune veuve, vit avec son fils Sylvain dans un appartement. Son emploi du temps est immuable, mécanique : pendant que son fils est à l'école, Jeanne Dielman fait le ménage, la cuisine, du rangement, et une passe dans l'après-midi. Et puis un beau jour, tout se dérègle. Avec ce film, Chantal Akerman s'est imposée sur le plan international.
« Je ne sais pas si la cuisine de Jeanne Dielman « fait vrai » – pour qui l’a connue elle est reconnaissable de façon impressionnante. Il est sans doute possible de voir les films d’Akerman comme des entreprises de représentation juste et intégrale de certains objets. (Brecht : tout bon poème est aussi un document.) »
Daniël Robberechts
« Le film étant sorti pendant les années du féminisme militant, il fut revendiqué comme le parangon et l’illustration de l’aliénation féminisme. Or, il est clair que si ce film est aussi important par rapport à l’histoire du cinéma, c’est parce qu’il met en place une autre perception du drame et du personnage, de la gestion de l’action et de l’espace, du rapport de la fiction et du réel. Du temps aussi, puisque c’est ce dernier paramètre qui a “agacé les dents”. Comment oser montrer en temps réel la préparation d’escalopes panées, l’épluchage d’un kilo de pommes de terre ou la toilette d’une femme obsédée par la souillure de l’autre? Or ce temps “insupportable” dans son adéquation au geste pose le problème du réalisme qui est, a contrario, complètement évacué. Il laisse, en dehors de la gestion du temps (trois journées “normales”: la répétition d’un rituel de vie) et de la gestion de l’espace (les couloirs parcourus, les portes ouvertes, les lumières éteintes), surgir la fiction par le vide ou le manque. »
Jacqueline Aubenas
