

Une jeune femme, jouée par la réalisatrice elle-même, entre dans sa cuisine et commence une routine domestique qui dégénère progressivement. Parodiant le quotidien, elle passe la serpillière, polit ses chaussures, colle du ruban adhésif sur les fissures de la porte et donne une tournure explosive à la vie domestique dans un appartement bruxellois.
« Charlie Chaplin, femme. »
Chantal Akerman
« Dans Saute ma ville, réalisé à dix-huit ans, Chantal Akerman travaille déjà le fredonnement, parfois grogné, d’un bouillonnement intérieur. Ici le chant, dans une pulsion de mort, renvoi au dernier soupir telle une dernière expiration avant le suicide. »
Emma Dusong
« La voix de Chantal Akerman chante, chantonne, soupire, piaffe, scande, ressasse, murmure, crie, nous énonce son agitation, sa démesure, sa fièvre et son excitation, sa boulimie, sa rébellion, son désespoir latent, son irruption... Au bout des mots, elle use de la voix pour ouvrir l’écoute, provoquer les sensations. Le chant, dans cette cuisine où la jeune femme a décidé d’en finir, anticipe l’explosion finale. »
Emma Dusong
« La jeune femme utilise le gaz pour tout exploser. Mais dimension autobiographique mise de côté, la douleur agitée, la violence contenue, le désir de vivre tambourine de l’intérieur les personnages. Seule émission intelligible de son implosion chantée, le mot « danse » revient à deux reprises comme une mise en abîme de cette chorégraphie du corps et de la voix. »
Emma Dusong
« Dans Saute ma ville, des dispositifs comiques classiques tels que le glissement d’activités quotidiennes en un chaos anarchique, mis en scène par des acteurs comme Charlot ou le duo anglo-américain Laurel et Hardy, sont réinventés par Akerman pour son portrait troublant d’une adolescente révoltée. Dans un sens purement littéral, et selon la logique burlesque du renversement, ici mettre de l’ordre résulte en un désordre toujours plus grand.” »
Marion Schmid
