Ce documentaire expérimental, filmé en une nuit en 1972, montre un hôtel résidentiel bon marché de Manhattan. Couloirs, ascenseurs et résidents sont présentés dans des longs plans fixes et des mouvements extraordinairement lents. Pas de dialogues, pas de musique, pas d’histoire. En lieu et place, la caméra suit un trajet vertical à travers le bâtiment, de la réception à l’ascenseur jusqu’au toit, où l’on aperçoit le lever de soleil sur New York. Ce qui commence comme une série d'observations minutieuses devient le portrait d’un lieu méticuleusement construit. Hotel Monterey est un des premiers films d’Akerman et annonce les thèmes qui détermineront son œuvre future : le temps, l'espace et la vie quotidienne.
« L'idée : une nuit à l'Hôtel Monterey, dans Brooklyn. Un huis clos qui offre les détails de l'endroit (différentes chambres) et termine dans le tout, la vue du quartier sitôt que le soleil réapparaît. Un de ces parcours d'errance comme les aime Chantal Akerman. De la nuit au jour. Elle arpente la surface des choses et s'interroge sur sa manière de fonctionner de l'intérieur à l'extérieur en fragmentant l'ensemble comme une mosaïque. »
Jean-Michel Vlaeminckx / Cinergie
« Hôtel Monterey dépasse la réalité et tue le réalisme. Le portrait de cet hôtel est plus vrai que ne pourrait l’être celui de n’importe quel reportage de cinéma-direct ou de cinéma-vérité filmé en ce même lieu. »
Gérard Courant / Cinéma différent
« Les images de Hôtel Monterey sont honnêtes, frontales. Elles nous poussent à ressentir physiquement l’étouffement, l’enfermement de l’espace ; on respire la poussière et on éprouve la durée de l’attente. Les résidents, confinés dans des intérieurs exubérants et kitschs, semblent baigner dans une indifférence léthargique. On ressent parfois le besoin d’éviter l’écran, de détourner le regard non pas à cause d’une brutalité́ choquante qui surgirait des images, mais au contraire, à cause de leur banalité troublante. Le regard n’y retrouve aucun abri. »
Desislava Kasarova / Hors champ

